Avec l’apparition des Techniques d’Information et de Communication, les entreprises ont du s’adapter : de nouveaux outils sont venus se greffés à l’activité de celles-ci. Il ne faut cependant pas se focaliser uniquement sur les techniques matérielles mais aussi se soucier des « outils humains » mis en œuvre pour organiser la structure de l’entreprise et aménager des relations entre les différents acteurs d’une même société.
Le modèle KWC (Knowledge Workers Community) est, selon Prax, « une représentation générique des modalités de collaboration de partage d’information et de connaissance ». Ce modèle, créé par Prax lui-même a pour but de donner une feuille de route, une base aux entreprises pour qu’émergent des groupes qui se comprennent et dont les membres sont en interaction de manière constructive pour le bon fonctionnement de la communauté.
Il nous a semblé judicieux de garder le découpage binaire proposé par Prax dans Le Manuel du Knowledge Management en présentant tout d’abord ce qu’il appelle les technologies spécifiques qui sont celles qui répondent à un besoin de la communauté en un temps donné : ce sont les relations et les structurations humaines. Ensuite nous nous pencherons sur un plan plus technique en abordant les technologies génériques qui comportent à la fois les dispositifs d’accès aux zones d’échange et la gestion électronique des documents.
Les technologies spécifiques
Les techniques spécifiques
Le Knowledge Management est un cycle permanent, avec de la création de connaissance. Il existe quatre périodes dans la vie d’une communauté :
* Existence
* Participation
* Performance
* Valeur
L’existence : il s’agit de la visibilité de la communauté professionnelle pour l’extérieur ainsi que pour ses propres membres. L’existence de cette communauté tient ses capacités de ses membres, pour voir les compétences mutuelles, qui doit conduire à la confiance. Le dynamisme de cette communauté doit faire naître des projets collaboratifs (ces projets sont des moteurs de motivation).
La participation : il est d’abord nécessaire de créer un climat de collaboration, propice au travail, en tenant compte des contraintes de calendrier. C’est ici asynchrone, il s’agit d’un travail divers, et distant.
La performance : en partant des documents supports, il y a un travail nécessaire de capitalisation, comme la classification et l’indexation. C’est une meilleure accessibilité, clarté, et dont l’objectif est d’améliorer la performance.
La valeur : l’entreprise s’occupe de son capital de savoir, et de recherche, de conservation et de transmission. L’entreprise traite également de modules d’auto-formation, et des technologies du e-learning. Un espoir naît du fait de l’émergence de nouvelles communautés. Ainsi on peut recommencer, l’évolution de la communauté professionnelle.
La rosace fonctionnelle du modèle KWC :
→ 6 segments fonctionnels:
1. Espace discussion
2. Espace collaboratif
3. Sources externes. Veille
4. Production de document interne
5. Livres de connaissances. Learning. Tutorat
6. Cartographie de l’expertise
La non standardisation des outils est un frein à la communication. Il existe des outils non compatibles entre eux, comme la GED (Gestion Electronique Documentaire), les logiciels vectoriels, les bases de données, …
Il faut que les outils tiennent compte des usages particuliers, on peut ainsi choisir des outils spécialisés et adaptés.
Les choix technologiques : – architecture technique générique au niveau du groupe
* applicatifs spécifiques, mais compatibles avec l’architecture technique
Segment 1 : Se connaître, échanger des idées
La visibilité de la communauté au sein de l’organisation est permise par l’Intranet qui est un outil dont l’objectif est de matérialiser la communauté. Un individu peut appartenir à plusieurs communautés dans le même temps. Ainsi, la capacité d’hyperconnexion est primordiale. Donc, il doit y avoir une organisation des différentes sous communautés, ce qui peut être fait par l’home-page personnalisé. Il s’agit de l’idée que chacun doit avoir une page d’accueil personnalisé.
La visibilité de la communauté pour ses membres est composé d’outils tels que l’annuaire, ou aussi la liste des personnes en ligne.
La visibilité de chaque membre correspond à la question du « Qui fait quoi ? ».
On est face à quatre catégories :
* coordonnées (pour d’éventuels contacts)
* informations « officielles » (informations relatives au poste occupé par la personne, au niveau de la hiérarchie, notamment).
* informations autodéclarées (informations ayant un rapport avec les compétences déclarées, les sujets d’intérêt).
* Activité dans la communautés d’intérêt (indications concernant les activités de la personne, on dresse un historique de ces activités), comme les dernières réponses faites, une liste de liens utiles, des liens de documents.
Les rencontres virtuelles sont un moyen qui dispose de beaucoup de fonctionnalités. Certains établissent une différence entre le communityware (plateformes destinées à supporter les échanges virtuels) et le groupware (centré sur le support d’un groupe de travail).
Voici des exemples de fonctions :
* fonction de dialogue synchrone
* le whiteboarding (se compose d’un tableau blanc collaboratif, il est ouvert à l’écran, et les personnes distantes peuvent y inscrire ce qui est nécessaire).
* le polling / volting, qui assure la possibilité d’émettre une question auprès de la communauté pour le vote. Manager l’activité de la communautédoit relever d’un membre particulier de la communauté professionnelle. Il s’agit de la même personne que de l’administrateur du système.
Segment 2 : Travailler ensemble, échanger de la connaissance
La gestion d’évènement réguliers est possible en publiant sur la page d’accueil, les différentes actualités. Un logiciel éditeur HTML suffit pour cet usage. Mais il existe des outils permettant des automatismes, afin qu’un poste ne soit pas rempli à plein temps pour cela.
Echanger des idées et des informations, répond du domaine appelé le « groupware », en mode synchrone ou asynchrone.
La visiophonie est un outil constitué d’une caméra et d’un modem, utilisables notamment pour des réunions virtuelles synchrones. La messagerie électronique est l’outil du groupware le plus connu et commun, c’est un outil de communication entre des personnes. Le point négatif de cet outil, est l’empilement de tous les messages par ordre chronologique, il n’y a pas de capitalisation au niveau de la communauté.
Les forums électroniques, ou BBS (Bulletin Board Systems) s’organisent selon des dossiers thématiques, ou de groupe de travail partagés. Les BBS viennent en réponse aux limites de la messagerie précédemment citées. L’émetteur s’adresse dorénavant au groupe dans sa totalité. Le forum peut être privé ou public, c’est un outil extrêmement collaboratif. Si l’on établit un forum électronique par thème ou par projet, c’est un début de capitalisation collective qui émerge.
Le versionning et l’intégration bureautique réside en la diversité des modifications possibles, mais cela est prévu. Il est nécessaire de choisir un outil GED spécifique. Permettant une gestion facile des différentes versions et dont l’adaptation est facile avec les applications bureautiques.
La gestion des tâches et du calendrier : le chef de projet peut avoir le rôle de gestionnaire de projet, pour créer le calendrier avec les réunions.
Manager l’activité du groupe projet, il s’agit ici de mettre en action les règles de fonctionnement, et d’administrer le système, la confidentialité et la sécurité. Cela est possible par l’archivage par exemple.
Segment 3 : Veiller et accéder aux sources externes
Le dynamic posting : affiche automatiquement sur la page d’accueil d’un site une partie d’un texte mis en ligne sur le site récemment. Cela a pour avantage de pouvoir accéder aux dernières nouveautés depuis la connexion précédente. Le rangement des informations est donc plus facile.
Segment 4 : Produire et gérer la documentation interne
Pour la gestion de la documentation interne, certaines fonctionnalités de l’Intranet sont très utiles. Cela permet notamment de faire des mises à jour, ou de compléter. Jean-Yves Prax prend pour exemple le fait que l’on puisse prendre le défaut selon plusieurs angle, en fonction de l’expérience vécue, et de documents écrits analysés.
Segment 5 : Transférer la connaissance, le e-learning
Les différents modes de formation à distance, sont présents, pour explorer de nouvelles possibilités, avant impossible, par le manque de moyens technologiques. Nous pouvons dorénavant mettre en réseau des gens distants au niveau géographique, et avec une forte interactivité, favoriser les travaux en binôme ou en groupe. Par le moyen de forums, avoir accès aux questions posées, et leurs réponses. Il est également nécessaire d’avoir un contact avec une bibliothèque à accès numérique, d’avoir accès à des supports pédagogiques modifiables et réutilisables, augmenter l’individualisation des formations, selon les termes de Prax, mais sans mettre en jeu d’individualisme. Bien d’autres éléments sont possibles. Les différents outils du e-learning, sont issus du mode pédagogique de formation.
Apprendre par l’écoute : visioconférence, webconférence, est permis par les nouvelles technologies dont nous allons d’abord étudier les avantages et les inconvénients, ces différents éléments sont étudiés en relation avec le mode de formation traditionnel, que nous connaissons tous.
Les avantages : les distances disparaissent au profit d’une bonne interactivité, aussi une préparation des possibilités, plus précisément des échanges qui peuvent se faire.
Les inconvénients : les coûts sont encore élevés, et on ne peut que très peu improviser. Il est également nécessaire qu’il y ait un médiateur.
Il semble aujourd’hui possible de faire de véritables « campus virtuels ». Une partie des formations peut ainsi se faire à distance en mode asynchrone ou en mode synchrone. On peut également vivre un apprentissage en utilisant Internet et les CD Roms.
Il est possible de faire des modules d’auto-formation, et d’auto-évaluation ont un poids économique important. L’apprentissage par l’échange existe selon deux formes : le télétutorat ou les forums.
Segment 6 : Cartographier l’expertise
Nous citerons d’abord des outils de déclaration pro-active : une fiche dans laquelle sont inscrit des éléments tels que les coordonnées, les formations, les compétences, les projets, les langues parlées.
Il existe également des outils de déclaration passive : des outils permettent de mettre à jour la fiche par l ‘analyse des contenus des e-mails, documents,… Il est important ici de dire que c’est un outil qui peut être désactiver, lorsque l’utilisateur considère que ce qu’il fait entre dans la sphère de sa vie privée.
On peut mettre en relation des personnes en passant par un intermédiaire.
Questionner des experts, gérer ses réponses aux questions
Lorsque quelqu’un se pose une question, utiliser la messagerie électronique représente des inconvénients, il n’y a pas de pertinence de la réponse.
Pour l’expert, l’outil offre différentes fonctions : la gestion de ses messages par sujet, la gestion des validités des messages, au cours du temps, le forwarding (transmission du message reçu à un autre destinataire).
Les technologies génériques
Les portails
Internet pose un problème aux entreprises depuis son arrivée et encore aujourd’hui : on a constaté en effet qu’il s’agissait d’une technologie décentralisatrice qui renforce la différence entre les utilisateurs. Elle n’est donc pas favorable à la création d’une communauté car les groupes d’intérêt se retrouvent isolés dans leur propre domaine et se voient donc multipliés. La solution à ce problème a été trouvée avec l’apparition des portails. Ils proposent un accès généraliste, thématique ou personnalisé mais leur création demeure dans tous les cas un travail d’animation propre à chaque communauté.
Les portails généralistes sont les premiers à apparaître sur le marché avec Yahoo en 1994 : il s’agit en effet de moteur de recherche ou d’outils de navigation. Ils ont pour avantage d’offrir un volume conséquent de données à consulter et de le faire gratuitement. Ils se déclinent sous la forme de moteurs de recherche ou d’annuaires.
Les portails personnalisés permettent comme leur nom l’indique de proposer à l’utilisateur une personnalisation par l’entremise d’assemblage de portlets via l’Open Source ou le XML. NetVibes fait partie du nombre des portails personnalisés.
* Un portlet est « un composant applicatif conçu pour donner accès – depuis l’interface utilisateur d’un portail – à des applications de travail tierces, à un logiciel de messagerie ou encore aux modules d’un progiciel de gestion intégrée. Ce concept a vu le jour début 2000, à l’initiative d’IBM notamment. » (http://www.journaldunet.com)
Les portails thématiques s’adressent davantage aux communautés qui se réunissent en groupe autour d’un intérêt particulier. Ils servent alors de lieux de rencontre, de communication et d’accès aux informations mises à disposition par la communauté. Pour les entreprises, on parle d’EIP (Enterprise Information Portal) qui sont des « plateformes de support des échanges de connaissance au sein des communautés ». Wikipedia propose notamment un accueil des portails.
Les portails de communauté se trouvent au niveau d’une communauté de pratique puisque le consommateur et le producteur de l’information se sont déjà réunis. Ainsi le portail n’est plus que le support d’un flux qui existe déjà. Il ne sert que de lieu virtuel d’échanges pour des membres éloignés géographiquement et n’est que le « symbole de la communauté ».
L’idéal du portail est de faire le lien entre document, personne et projet.
Les applications collaboratives
Le groupware est, selon Johnson-Lentz, « un concept qui désigne à la fois le processus humain et organisationnel du travail en groupe et les outils technologiques nécessaires à l’accomplissement de ce travail ». Le but est donc de faciliter le travail en groupe et de répondre au problème de l’éloignement géographique et du travail asynchrone. Les outils qui entrent dans ce concept sont notamment la messagerie, l’agenda de groupe, le forum et la conférence électronique.
Le workflow est un flux de travail qui permet la prise en compte et l’automatisation par voie électronique de la production et de la gestion des données accompagnant un processus particulier. Au contraire du groupware, le workflow n’est pas un outil de travail en groupe car il ne se résume pas seulement en la mise en relation des uns et des autres mais surtout dans la structuration de ces relations. Son but est de suivre les différentes tâches à effectuer par les acteurs. C’est en résumé un outil de management des compétences qui a pour but d’optimiser le fonctionnement collectif. Avec le workflow, on craint une surveillance trop accrue des différents membres et donc une restriction de l’initiative.
La Gestion Électronique Documentaire (GED) vient apporter la mémorisation aux divers outils de travail collaboratif. Elle permet d’accéder rapidement à des documents sélectionnés. Elle facilite la collaboration entre les divers acteurs et abolit les contraintes temporelles et spatiales puisque les documents sont partagés sans déplacement physique.
Elle a pour principal dispositif : l’indexation. Elle décrit le document en peu de mots et permet donc une exploitation du document sans avoir à le parcourir entièrement : c’est une représentation fidèle et exhaustive du contenu du document. Elle se fait à l’aide de descripteurs par l’intermédiaire de différents langages :
- langages classificatoires qui représentent le sujet synthétiquement par matière, par auteur, par titre.
- langages d’indexation qui représentent le document analytiquement et qui sont appelés langages combinatoires puisque les mots et les concepts sont combinés pour formuler la requête.
- Langages contrôlés qui représentent le document par codification univoque soit pas des listes d’autorité soit par des thésaurus.
- Langages libres qui représentent le document à partir des concepts de celui-ci à la fois par des mots-clés et par des descripteurs libres.
L’indexation se fait également à l’aide de filtres a posteriori (au moment de la requête) ou a priori (au moment de l’entrée dans la base de données). L’indexation est couteuse et doit donc être utilisée sur une base de données conséquente pour être rentable.
La veille informationnelle
C’est un système de repérage qui permet de construire des cartes thématiques afin d’augmenter la pertinence des requêtes. Elle se fait à l’aide de ce qu’on appelle des clusters sémantiques qui sont un ensemble de concepts reliés entre eux de manière graduelle en fonction de leur contribution au sujet d’intérêt principal. Ils sont différents des thésaurus qui sont reliés linguistiquement. Des diagrammes stratégiques sont également utilisés pour faciliter le travail de l’agent de veille : il s’agit de cartes de concept qui évaluent l’intérêt des thèmes pour que l’utilisateur puisse à la fois aborder le corpus de manière globale et de manière locale. C’est à partir du telle structure que s’élabore le knowledge mining dont les technologies dites de data mining se basant essentiellement sur des données déjà structurées (comme les représentations cartographiques).
A la différence de la Gestion Électronique des Documents, la veille permet d’apporter à l’utilisateur une information continue. Le problème de la qualité de l’information donnée se pose alors. En effet, l’information donnée en continu doit évoluer. L’agent de veille doit alors aussi analyser le comportement de l’utilisateur et reconnaître les concepts émergents (dont l’intérêt augmente) des concepts vieillissants (dont l’intérêt diminue).
Cependant, on s’est vite aperçu que le taux de pertinence ne suffisait plus. Par conséquent, il nous faut associer le taux de pertinence à un taux de « découverte » pour obtenir un taux de satisfaction. Ce taux de découverte est appelée sérendipité définie comme « la rencontre fortuite avec la connaissance ».
L’agent de veille doit aussi s’intéresser à l’analyse linguistique pour comprendre le processus de lecture de l’utilisateur et mieux appréhender ses requêtes.
A ces analyses, il faut ajouter l’identification du contexte ou du domaine sans lesquels le sens de la requête peut être sensiblement différent. Prax mentionne également qu’il faudrait ajouter à ces analyseurs celui du style ou de la rhétorique qui prendrait en compte les différentes manières d’expression.
Les technologies du Knowledge Management ne sont pas uniquement des outils de traitement de l’information. Nous avons vu dans une première partie que ces technologies ont pour but de répondre à des besoins humains et sociaux mais dont l’objectif principal est la structuration d’une communauté en interaction constante. Par la suite, la présentation des technologies génériques comme les portails, les applications collaboratives et la veille informationnelle nous ont démontré qu’ils ne sont que des moyens de faciliter l’utilisation des bases de données et des connaissances pour l’utilisateur. De manière générale, les outils du Knowledge Management ont pour fonction de permettre l’accès à la connaissance.
Ces nouvelles technologies ont soulevé un problème notamment au sein des entreprises. Internet a en effet posé le problème de la sécurité des données et il a fallu renforcer les règles et les procédures d’échange et d’accès à l’information. Prax mentionne par ailleurs deux méthodes de sécurisation de ces données : le firewall et le cryptage. La problématique ne s’arrête cependant pas à la sécurité mais à la façon dont on sécurise les données : il faut à la fois sécuriser les informations graduellement en fonction de l’importance des informations et ne pas radicaliser la sécurisation…